Le géopatrimoine (équivalent de geoheritage en anglais)  relève de faits géologiques qui ont des importances globales (mondiales, nationales ou locales) et de sites géologiques qui représentent des phénomènes (volcanisme, ségrégation magmatique, métamorphisme, altération, sédimentation …) et/ou qui témoignent de l’histoire de la Terre (paléontologie, tectonique globale, climat, niveau marin …). Il concerne des objets de toute taille (du paysage à la taille du minéral) qui sont intrinsèquement (par leur valeur propre) ou extrinsèquement importants, par le regard que l’on porte sur eux, c’est-à-dire culturellement.


Le géopatrimoine offre des informations qui permettent la compréhension des éléments relatifs à la formation ou à l’évolution de la Terre, à l’histoire des sciences et il peut être utilisé pour la recherche ou pour des objectifs pédagogiques.

Le patrimoine géologique peut être scindé en deux types différents :

  • les riches sites géologiques  qui constituent le patrimoine géologique in situ
  • les collections présentes dans les muséums, les universités qui abritent plusieurs millions d’objets  représentés par des roches, fossiles, minéraux, carottes de forages associés à leur documentation (sans laquelle ces différents d’objets perdent leur valeur scientifique) et qui constituent le patrimoine géologique ex situ. 

Enfin certains objets géologiques sont, comme au Maroc,  vendus dans les magasins locaux au titre de produits de l’artisanat ou de décoration en exposant de jolis fossiles. De nombreux géologues reconnaissent en ces pièces des artéfacts (objets faits de plusieurs pièces d’organismes différents) réalisés par des artisans locaux. Ces pièces peuvent être vendues, elles aident l’économie locale et ne sont pas un danger pour le patrimoine géologique de la région. Il convient seulement de veiller à ce que ces pièces ne soient pas vendues comme objets de nature authentique. Il convient aussi à ce que l’acheteur soit vigilant, même si, parfois, les artisans annoncent la couleur sur leurs points de vente en affichant franchement « fabrication des fossiles ».

La pièce sombre, à gauche, montre, outre ses Orthoceras bien conservés, une orientation générale des fossiles témoignant de l’existence d’un courant. Il s’agit évidemment d’une pièce qui, en soi, appartient au patrimoine géologique.

La pièce claire, à droite, présente une distribution homogène et élégante de deux types de fossiles emblématiques : orthocères et goniatites. Comme on le voit assez facilement avec les orthocères : ils sont fabriqués avec plusieurs fragments différents et certaines parties sont même simplement de la matrice, de la gangue sculptée. Cette plaque peut être vendue comme sculpture artisanale et non comme patrimoine géologique.

DE WEVER, Patrick, CORNÉE, Annie, EGOROFF, Grégoire
MNHN, Paris, France


Pour aller plus loin

Patrick DE WEVER, Annie CORNÉE, Grégoire EGOROFF, Gérard COLLIN, Francis DURANTHON, Arnault LALANNE, Claire DE KERMADEC & Stéphane LUCET, 2019. Patrimoine géologique : notion, état des lieux, valorisation. NATURAE 2019 (1), p.1-58 télécharger

Yi DU, Yves GIRAULT, 2018. A Genealogy of UNESCO Global Geopark: Emergence and Evolution. International Journal of Geoheritage and Parks. 2018, 6(2): 1-17 télécharger

 

 


Introduction au géopatrimoine