Voici les définitions des termes du lexique commençant par les lettres T à Z.

 

POUR CITER LE PRÉSENT LEXIQUE :

Lexique de termes en relation avec le géopatrimoine et les géoparcs, extrait de: DA LAGE Antoine, GIRAULT Yves, JUHÉ-BEAULATON Dominique, LUXEREAU Anne, ROBBE Pierre, ROUSSEL Bernard. Dictionnaire des mots du patrimoine, approche encyclopédique et critique (à paraître), en spécifiant la date de consultation.


TOURISMIFICATION, n.f.

     Déf. : 1. Phénomène d’ouverture au tourisme, voire de développement d’un tourisme de masse, dans un lieu où cette activité économique était jusqu’alors quasiment inexistante. 2. Effets socio-économiques et culturels de ce processus sur la vie quotidienne et les mentalités des populations locales.

     Note : 1. Ce terme, surtout employé par les auteurs anglo-saxons, prend donc un sens différent selon qu’il s’applique aux lieux ou aux gens. 2. Au sens n° 1, la tourismification est souvent apparue comme une solution pour valoriser des sites patrimoniaux. 3. Elle s’accompagne parfois de mise en scène, et de choix esthétiques qui peuvent compromettre l’intégrité et l’authenticité des patrimoines concernés. 4. Ne pas confondre avec touristification ou touristisation.

     V. A. : disneylandisation, mise en tourisme.

     Dom. : anthr. soc. — cult. — géogr. — hist. — muséol. — patrim. — tour.

 

 

TOURISTIFICATION, n.f.

     Déf. : Ensemble des transformations spatiales, sociales, économiques et culturelles qui se manifestent dans un territoire, liées à l’influence d’une présence accrue de touristes et aux effets de leurs pratiques ou activités.

     Note : 1. Une touristification inconsidérée peut constituer une menace pour la conservation d’éléments du patrimoine. 2. Ne pas confondre avec tourismification ou touristisation.

     V. A. : mise en tourisme.

     Dom. : anthr. soc. — cult. — géogr. — hist. — muséol. — patrim. — tour.

 

 

TOURISTIFIÉ (-E), adj.

     Déf. : Qui a fait l’objet d’une touristification.

     V. A. : mise en tourisme.

     Dom. : anthr. soc. — cult. — géogr. — hist. — muséol. — patrim. — tour.

 

 

TOURISTISATION, n.f.

     Déf. : Terme parfois employé pour stigmatiser l’orientation quasi exclusive de l’exploitation d’un patrimoine ou plus largement d’une économie locale (aménagement de l’espace, gestion des ressources, construction de logements, services et infrastructures), réalisée à la seule fin d’attirer les touristes, de satisfaire leurs attentes, de les faire consommer et dépenser.

     Note : 1. On parle ainsi de touristisation de la nature, d’une ville, d’un rivage, d’un patrimoine culturel, d’une gastronomie locale… La stigmatisation porte alors sur les transformations paysagères dues à ces choix économiques (artificialisation, bétonisation…), sur la marchandisation à outrance du patrimoine, sur les effets d’une possible surfréquentation touristique, mais aussi sur le risque de perte « d’authenticité » des lieux, des coutumes et des pratiques sociales. 2. Ne pas confondre avec tourismification ou touristification.

     V. A. : folklorisation, mise en tourisme, muséification, tourisme noir, touristisé.

     Dom. : anthr. soc. — cult. — géogr. — hist. — muséol. — patrim. — tour.

 

 

TRÉSOR FOSSILE, n.m.

     Déf. : 1. Expression parfois employée pour qualifier un fossile dont la rareté, les dimensions ou son remarquable état de conservation lui confèrent de facto un indéniable caractère patrimonial. 2. Au Danemark, catégorie s’appliquant à tout fossile de plante ou d’animal, ainsi qu’à tout météorite ou tout autre objet géologique découvert sur le territoire national et dont on considère que sa valeur scientifique ou muséale est exceptionnelle. 3. Expression parfois employée pour souligner, tant sur le plan naturel et géologique que sous l’angle économique et industriel, le caractère hautement patrimonial du pétrole ou des autres énergies fossiles, notamment en raison de leur raréfaction.

     Note : Au sens n° 2, les trésors fossiles ont été définis en 1989 par la loi sur les musées ; celle-ci stipule que, dès sa découverte, tout trésor fossile appartient à l’État et doit, de ce fait, être déposé au Musée danois d’histoire naturelle.

     V. A. : fossilothèque, gemmothèque, géoparc, géopatrimoine, géosite, paléothèque, patrimoine charbonnier, patrimoine fossile, patrimoine fossilifère, patrimoine gazier, patrimoine minier, patrimoine paléontologique, patrimoine pétrolier, patrimoine pétrolifère, Trésor vivant, typothèque.

     Dom. : biol. — cult. — dr. — écon. — envir. — géogr. — géol. — hist. — muséol. — paléont. — patrim. — tour.

 

 

TRÉSOR HUMAIN VIVANT, n.m.

     Déf. : Au sens de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (Unesco 2003), titre conféré à une personne reconnue comme détentrice d’une mémoire culturelle particulière dans le domaine des arts et de l’artisanat, et faisant figure de monument humain digne de vénération et de respect.

     Note : Ce titre est inspiré de l’appellation « Trésor national vivant » usitée dans les cultures et législations chinoises et japonaises.

     V. A. : beaux-arts, bien culturel important, bien immatériel important, conservateur de bien culturels immatériels importants, loi sur la protection des biens culturels, patrimoine culturel vivant, tradition orale, transmission, trésor culturel, Trésor vivant.

     Dom. : archéol. — art viv. — bx arts. — cult. — dr. — hist. — muséol. — patrim. — prot. nat.

 

 

TRÉSOR VIVANT, n.m.

     Déf. : Dans certaines cultures asiatiques, terme générique qui recouvre plusieurs titres tels que Trésor culturel, Trésor national, Trésor national humain, conférés à des personnes reconnues comme détenant et perpétuant une tradition ou une mémoire culturelle particulière, dans le domaine des arts ou de l’artisanat, et faisant figure de monument humain digne de vénération et de respect, au même titre qu’un ancêtre ou une divinité inspiratrice.

     Note : 1. Dans certains pays ce terme a acquis, dès les années 1950, un statut officiel à valeur juridique. Ainsi, une législation a été instaurée au Japon (loi du 29 août 1950) qui permet, par le biais du ministère de la Culture, de l’Éducation, de la Science et de la Technologie ou des Sports, de mettre en exergue et de soutenir financièrement les personnes qui produisent des œuvres qualifiées de « biens culturels importants » ou « biens immatériels importants » ou transmettent des savoir-faire qui leur sont liés. 2. Ce terme a connu une vitalité nouvelle depuis l’adoption par l’Unesco d’une Proclamation des chefs d’œuvres du patrimoine oral et immatériel de l’humanité (2001-2005) et d’une convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel (2003). Si son acception s’est élargie au monde entier, son champ d’application s’est vu limité par l’édiction de critères normatifs qui tendent à gommer les diversités locales.

     V. A. : conservateur de bien culturels immatériels importants, tradition orale, transmetteur majeur du patrimoine.

     Dom. : archéol. — art viv. — bx arts. — cult. — dr. — hist. — muséol. — patrim. — prot. nat.

 

 

UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE, n.f.

     Syn. : IUCN, n.f. ; UICN, n.f. ; Union mondiale pour la nature, n.f.

     Déf. : Organisation mondiale dont le but est de mener des actions pour que la nature soit conservée dans son intégrité et sa diversité, et que les ressources naturelles de la planète soient utilisées de façon équitable et écologiquement durable.

     Note : 1. IUCN est le sigle du nom anglais de cette organisation : International union for the conservation of nature. 2. Fondée le 5 octobre 1948 à Fontainebleau sous le nom d’Union internationale pour la protection de la nature (UIPN), l’UICN a pris son nom actuel en 1956, ce qui souligne l’infléchissement de sa politique globale, du sanctuarisme vers la gestion conservatoire. Tout en ayant le statut d’organisation non gouvernementale (ONG), elle présente l’originalité de compter parmi ses membres des États (89 en 2017), des agences gouvernementales (129), et d’autres ONG (1116) ; des personnes individuelles, sans pouvoir adhérer à l’UICN, peuvent être membres de ses commissions thématiques à titre d’experts. 3. Outre ses actions dans le domaine de la conservation, l’UICN conduit des recherches qui permettent de dresser des listes d’espèces menacées (liste rouge, liste orange, liste verte) et de classer les aires protégées selon leur intérêt faunistique et floristique. Ces typologies, qui se veulent normatives, servent de base à l’établissement de la plupart des politiques nationales ou internationales de gestion des patrimoines naturels et légitiment parfois de nouvelles patrimonialisations.

     V. A. : catégorie UICN, classification UICN.

     Dom. : biol. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

VALEUR UNIVERSELLE EXEPTIONNELLE, n.f.

     Syn. : VUE, n.f.

     Déf. : Au sens de la Convention du patrimoine mondial de 1972, unique critère retenu par le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco habilité à décider de l’inscription d’un bien naturel, culturel ou mixte sur la Liste du « Patrimoine mondial».

     Note : 1. Mentionnée à plusieurs reprises dans la Convention, cette « valeur universelle exceptionnelle » n’a été définie qu’au point 49 du texte des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial (1975). Ce texte, présenté comme un document de travail, est régulièrement actualisé (2011, 2012, 2013) par les experts en charge des évaluations lors des sessions du Comité. 2. Actuellement, un bien culturel, naturel ou mixte a une « valeur universelle exceptionnelle » dès lors qu’il répond à au moins l’une des dix conditions édictées par le Comité (authenticité, créativité, esthétique, exemplarité, historicité, intégrité, représentativité…).

     V. A. : ICOMOS, Union internationale pour la conservation de la nature.

     Dom. : anthr. soc. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — géol. — hist. — paléont. — patrim. — prot. nat. — sc. pol. — tour.

 

DA LAGE Antoine[1], GIRAULT Yves[2], JUHÉ-BEAULATON Dominique[4], LUXEREAU Anne[3], ROBBE Pierre[2], ROUSSEL Bernard[2]

1: Espaces, Nature et Culture, UMR 8185 CNRS/Paris Sorbonne Université

2: Patrimoines Locaux et Gouvernance, UMR 208 MNHN/IRD

3: Éco-Anthropologie et Ethnobiologie, UMR 7206 CNRS/MNHN/université Paris Diderot

4: Centre Alexandre Koyré, CNRS/MNHN/EHESS