En France, la pratique des sciences participatives est encadrée à plusieurs échelles institutionnelles. En voici un bref apperçu, au travers de l'exemple d'un projet soutenu par le Muséum National d'Histoire Naturelle, à Paris. 


L'échelle européenne

Au niveau Européen l'European Citizen Science association organise des colloques tous les deux ans, ainsi que des workshops. Ils éditent également une revue "Citizen science Theory and practices". 

l'ECSA encadre les sciences participatives ("citizen science") comme une approche ouverte et inclusive, par exemple en soutenant et faisant partie de l'exploration, la formation et le développement des différents aspects du mouvement des sciences participatives, leur compréhension et leur utilisation au profit de la prise de décisions. 

Lien vers la page de l'ECSA

Les sciences participatives sont un concept flexible qui peut être adapté et appliqué dans de nombreuses situations et disciplines. Les déclarations ci-dessous ont été développées par ce groupe de travail: "échanger les bonnes pratiques et renforcer les capacités" de l'European Citizen Science Association, mené par le Musée d'Histoire Naturelle de Londres, avec la contribution de nombreux membres afin d'établir les principes-clés en matière de sciences participatives. 

  • 1) Les projets de sciences participatives impliquent les citoyens de façon active dans un processus de nature scientifique qui génère de nouvelles connaissances ou une meilleure compréhension de ce processus
  • 2) Les projets de sciences participatives apportent véritablement quelque chose à la science
  • 3) Aussi bien les chercheurs que les citoyens tirent bénéficie de leur participation à leurs projets
  • 4) S'ils le souhaitent, les participants citoyens peuvent s'impliquer aux diverses étapes du processus scientifique
  • 5) Les participants citoyens bénéficient de retours d'information sur le projet
  • 6) Les sciences participatives doivent être considérées comme une démarche de recherche comme une autre, avec ses limitations et ses biais qui doivent être pris en compte lors de l'interprétation des données collectées
  • 7) Les données et métadonnées produites lors du projet de sciences participatives sont ouvertes et, si possible, les résultats sont publiés en libre accès
  • 8) Les participants citoyens sont remerciés dans les résultats et les publications issus de ces projets
  • 9) Les programmes de sciences participatives sont évalués sur leurs productions scientifiques, la qualité des données produites, l'expérience acquise par les participants et au-delà, sur les impacts en matière sociétale ou politique
  • 10) Les pilotes des projets de sciences participatives prennent en compte les questions légales et éthiques sur les droits d'auteurs et de propriété intellectuelle, les accords de partage des données, la confidentialité, la reconnaissance du travail effectué, ainsi que les impacts environnementaux de l'ensemble des activités menées

Ce document est téléchargeable en plusieurs langues en suivant ce lien


L'échelle nationale

La charte des sciences participatives:

À l'échelle de l'État français, il existe une charte des sciences participatives dont l'objectif est d'accompagner, soutenir et promouvoir les collaborations entre acteurs de la recherche scientifique et de la société civile. Les signataires se sont accordés sur les valeurs communes, les principes déontologiques et d'intégrité scientifique et les conditions de réussite:

Valeurs communes:

  • Promotion de la coopération et de la production de biens publics ou communs
  • Respect de l’autonomie des parties prenantes et reconnaissance mutuelle
  • Diversité des savoirs à l’œuvre et pouvoir d’agir des acteurs 

Principes déontologiques et d'intégrité scientifique:

  • Démarche scientifique rigoureuse et partagée
  • Gouvernance explicite
  • Utilisation concertée des données
  • Respect de la vie privée
  • Juste reconnaissance de chaque partie prenante
  • Evaluation adaptée des dispositifs et projets scientifiques

Conditions de réussite:

  • Gestion efficace et opportune des ressources
  • Outils numériques adéquats
  • Accompagnement des acteurs
  • Mise en œuvre adaptée aux milieux éducatifs 

Texte complet

 

Le Collectif National Sciences participatives - Biodiversité:

Par ailleurs, le Collectif National Sciences participatives - Biodiversité (Collectif National SPB) est co-animé par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme (FNH) et l'Union Nationale des Centres Permanents d'Initiatives pour l'Environnement (UNCPIE). Constitué de 22 structures, ce Collectif coordonne et anime les acteurs qui portent des programmes de sciences participatives liés à la biodiversité en France. Il est le partenaire du SINP et de l'ONB pour développer une contribution accrue de ces démarches à la mobilisation des connaissances sur la biodiversité.

Le Collectif National Sciences Participatives-Biodiversité s’est fixé deux objectifs :

structurer les acteurs des sciences participatives en réseau national, pour favoriser une meilleure interconnaissance, une lisibilité et une visibilité des programmes de sciences participatives en  France ;
porter la contribution des sciences participatives auprès des instances politiques relatives à la biodiversité et des acteurs des sciences académiques, pour une meilleure reconnaissance de leur rôle de contribution à l’amélioration de la connaissance scientifique et d’une meilleure prise en compte de la biodiversité par les citoyens.

Ayant atteint en 2013 un stade opérationnel, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme et l’Union nationale des CPIE s’associent pour assurer cette animation et accompagner le collectif dans l’atteinte des objectifs qu’il s’est fixés.

Pour atteindre ces objectifs, le Collectif s’est fixé 5 axes de travail :  

  • Axe 1. Réaliser un dispositif de structuration des sciences participatives (Grille de caractérisation des programmes de sciences participatives pour recenser les programmes existants) ;
  • Axe 2. Assurer l’échange et le retour d’expériences ;
  • Axe 3. Assurer un rôle de portage auprès des grandes institutions ;
  • Axe 4. Animer des ateliers nationaux sur les sciences participatives (mise en réseau des acteurs) ;
  • Axe 5. Assurer une veille sur les sciences participatives

Lien vers la page de Nature-France

LIEN VERS LE PORTAIL OPEN


L'échelle des institutions scientifiques

Sorbonne Universités:

Au niveau de l'Alliance Sorbonne Université (Contact: Gwenaëlle Boulic Michanol). En 2019 vera le jour un nouveau portail qui permettra de présenter les différents projets de sciences participatives en lien avec des programmes de recherche de Sorbonne Universités. De structurer un réseau d'acteurs porteurs de projets. Pour info un séminaire d'une journée sur ce périmètre se tiendra le 13 novembre (voir mon mail mnhn de vendredi).

 

Muséum National d'Histoire Naturelle:

Concernant Vigie-Muséum (contact: Jean-Denis Vignes), la réunion de lancement a eu lieu le 4 juillet 2018 (voir le programme).

Voici les explications données par Jean-Denis Vigne à cette occasion: "Afin de rendre ces activités visibles en interne comme pour nos partenaires, afin de mieux coordonner les initiatives en cours et de stimuler les échanges d’expériences, et afin, à terme, de mettre à la disposition de l’établissement un centre de ressources en sciences participatives, le Muséum vient de se doter d’un pôle de coordination des sciences participatives nommé Vigie-Muséum."

Suite au projet Dispositifs participatifs 2014-2015 (détails), un numéro spécial a été coordonné dans la revue Nature Sciences et Sociétés: "Foisonnement du participatif, des questionnements communs?". Deux articles de ce numéro sont téléchargeables ci-dessous:

 

DOZIÈRES, Anne

MNHN, Paris, France