SUITE À LA CRÉATION, EN 2015, DU LABEL UNESCO GLOBAL GEOPARKS (UGG) – QUALIFIÉ DE PORTEUR D’INNOVATIONS PAR SES APPROCHES « HOLISTIQUE » ET BOTTOM UP DU TERRITOIRE – LES RESPONSABLES DE CES STRUCTURES DEVRAIENT S’INSPIRER D’APPROCHES PLUS ANCIENNES QUI ONT FAIT LEUR PREUVE ET QUI FONT DU PATRIMOINE UN PROJET DE TERRITOIRE. IL EN EST AINSI PAR EXEMPLE DES ÉCOMUSÉES, CONCEPT INVENTÉ ET PROPOSÉ PAR HUGUES DE VARINE À ROBERT POUJADE ALORS MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT EN France. ce concept A ÉTÉ EXPÉRIMENTÉE À PARTIR DE 1968 DANS LES PARCS NATURELS RÉGIONAUX D’OUESSANT, DU MONT D’ARRÉE, DE GRANDE LANDE, DE CAMARGUE ET DE MONT LOZÈRE. il A ensuite ÉTÉ REPRIS DEPUIS DANS DE TRÈS NOMBREUX PAYS. hugues DE VARINE A PROPOSÉ EN 2017 UNE NOUVELLE DÉFINITION SYNTHÉTIQUE DE L’ÉCOMUSÉOLOGIE : « C’EST UNE MANIÈRE DE GÉRER LE PATRIMOINE VIVANT SELON UN PROCESSUS PARTICIPATIF, DANS L’INTÉRÊT CULTUREL, SOCIAL ET ÉCONOMIQUE DES TERRITOIRES ET DES COMMUNAUTÉS, C’EST-À-DIRE DES POPULATIONS QUI VIVENT SUR CES TERRITOIRES ».


En France nous devons très certainement à Edmond Groult, avocat à Lisieux, la première initiative de création de musée basée sur la participation des citoyens. « C’est à la séance du 26 mars 1876 de la Société d'Emulation de Lisieux, que nous avons exposé, pour la première fois, notre projet de création des Musés Cantonaux. » (Groult 1886, p.3).

Comme leur nom l'indique, « il est naturellement installé au chef lieu de canton qui, en notre pays, est un centre économique et intellectuel. Là il y a des foires et marchés, là des administrations, là des hommes instruits. » (Petit, 1887, p.1397). Les habitants, regroupés en association, peuvent s’organiser à leur guise pour la construction du musée. Monsieur Paul Bert précise à ce sujet  « Médecins, pharmacien, industriels, instituteurs, se sont réunis sous l'impulsion de M. Groult ; ils ont fondé des petites sociétés ; ils ont sollicité et obtenu de personnes riches quelques ressources matérielles. Les enfants des écoles se sont mis avec l'ardeur de leur âge à la recherche des minéraux, des fossile, à la poursuite des insectes.» (Bert, 1883). Les Musées cantonaux, qui comprennent généralement quatre sections : une section artistique, une section agricole et industrielle, une section scientifique et une section historique, avaient pour principal objet « d'apprendre à nos cultivateurs, car c'est pour eux principalement que nous avons pris l'initiative de leur fondation, comment ils pourront améliorer les produits de leurs terres, perfectionner leurs races d'animaux domestiques, s'enrichir en un mot avec moins d'efforts, plus de rapidité et peut-être aussi avec plus d'honneur de leur donner des notions d'hygiène leur permettant d'éviter nombre de maladies auxquelles ils sont exposés et de leur inspirer l'habitude de la propreté, qui honore et moralise la personne. De leur apprendre à soigner cette fleur charmante qu'on appelle un enfant et dont un si grand nombre périt (surtout dans nos campagnes) par l'imprévoyance ou l'ignorance des mères et des nourrices, De leur faire connaître les insectes utiles et nuisibles, de leur apprendre à respecter les oiseaux, leurs amis ailés... » (Groult 1884, 22). Nous devons préciser également que ces institutions ouvertes aux adultes revêtaient une fonction pédagogique pour les écoles. Ainsi, « Partout où existent les musées, ils sont  assidûment visités par les élèves des écoles primaires et de la commune chef-lieu et des communes voisines. Ils sont ainsi l'occasion et le but de quelques unes de ces promenades scolaires  qu'il serait si désirable de voir se multiplier. » (Bert 1883). L'originalité du concept n'est cependant pas spécifiquement revendiquée par Groult et selon ce dernier, des institutions similaires existaient déjà en Suisse, en Angleterre, en Belgique, en Russie et aux États- Unis.

Une nouvelle étape dans le prise en compte des communautés va sans nul doute être franchie par John Cotton Dana dont les nombreux écrits défendent l’idée de s’appuyer sur les communautés (1917, 1920). Il précise ainsi « Common sens demands that a publicly support institution do something for it’s supporters (p.13) adding to the pleasure, the general enlightenment, the pysical well being and the industrial power of the citizens ( Dana 1920, 55). La création du Dana center en 1909 par John Cotton Dana, précurseur du community museum avait pour objet "to establish in the City of Newark, New Jersey, a museum for the reception and exhibition of articles of art, science, history and technology, and for the encouragement of the study of the arts and sciences. » (Alexander, 1995, 390), en encourageant « tout un chacun à découvrir les possibilités d'émotions agréables dans la contemplation des choses ordinaires» (Dana, 1920, p. 33).

Une deuxième étape prend forme sous l’impulsion de Sidney Dillon Ripley qui, suite au congrès d’Aspen en 1966, créa le premier « neighborghood Museum » l’Anacostia Community Museum 1967 pour inviter la communauté afro –américaine à s’approprier son histoire totalement absente des musées américains (Kinard 1971). En effet non seulement il s’agissait de réunir des collections locales, mais bien plus de s’inscrire dans un changement social, dans une démarche d’empowerment. Ainsi, « le musée de voisinage commence par collectionner, et étudier les données, par interpréter les résultats en posant les problèmes en suggérant des solutions possibles. Le produit recherché est une exposition par laquelle et dans laquelle les gens peuvent se voir comme ils sont, voir ce qu’ils pourraient être et voir quelles actions ils pourraient entreprendre pour améliorer leurs conditions ».  (Kinard, 1992, 106).


La première exposition réalisée avec des représentants de la communautés ( jeunes, conseils scolaires, habitants, policiers, clergé…) traita d’un problème environnemental jugé important par les habitants :  The rat : man’s invited affliction  « Il  ne s’agissait pas de la biographie d’un homme politique mais d’un guide scientifique, sociologique et médical sur l’un des aspects permanents de la vie dans le quartier d’Anacostia. » (Getlein F. ; Lewis J. A. 1980).

Au cours des années 1960/1970, dans un contexte international de décolonisation, les responsables des nouveaux états vont progressivement rejeter le modèle occidental des musées pour créer de nouvelles institutions au service de la création des états nations ou des défenses des minorités dans le cadre de revendications identitaires. Selon Stanislas Adotevi «  le musée est théoriquement et pratiquement lié à la classe bourgeoise cultivée, focalisé sur la culture de nos ancêtres les gaulois et de leurs cousins tous dolicéphales blonds aux yeux bleus. Il précise que « ce monde est sans doute en en train de disparaître à la fois liquidé par la rigueur interne de la société industrielle et les coups de boutoir d’une histoire récente ». (1992, 122). Cela le conduira à prononcer, avec Mario Vasquez une phrase devenue célèbre : « La révolution du Musée sera radicale ou le musée disparaîtra ».

 En occident, les revendications populaires, le rejet de la culture de l’élite, la désertification progressive des campagnes suite à l’industrialisation et la migration des jeunes vers les villes vont conduire à des revendications locales en quêtes d’identité. Dans le contexte de cette ébullition sociale, certains chercheurs en muséologie et / ou directeurs de musées se sont engagés dans des actions militantes et des réflexions plus théoriques pour repenser l’institution muséale et l’inscrire pus profondément au sein des communautés. Parmi les nombreux auteurs qui ont par la suite influencé le renouveau de la muséologie, citons :,  Duncan Cameron, André Desvallée, Georges Henri Rivière, Pablo Toucet, John Kinard, Dominique Taddéi, Hugues de Varine,  Mario Vasquez…. auxquels il faut ajouter quelques intellectuels comme Stanislas Spero Adotevi et Paulo Freire, qui vont tous être acteurs du courant de la nouvelle muséologie qu’andré Desvallée (1992, 15) décrit comme « une école vivante de contestation ».

Georges Henri Rivière et Hugues de Varine en France, en se basant sur les musées ethnologiques de plein air qui existaient dans de nombreux pays vont créer le concept d’écomusée ; soit une structure qui se compose de deux musées coordonnées, un musée de l’espace, musée « ouvert » et un musée du temps, musée « couvert » (Rivière, 1992, 314).

Parmi les nombreuses définitions évolutives de l’écomusée, nous retenons celle-ci. « Un écomusée est un  instrument qu’un pouvoir et une population conçoivent, fabriquent et exploitent ensemble (…) Un  miroir où  cette population se regarde, pour s’y reconnaître, où  elle recherche l’explication du territoire auquel elle est  attachée, jointe à  celle des populations qui l’ont précédée, dans la discontinuité ou  la continuité des générations. Un miroir que cette population tend à  ses hôtes, pour s’en faire mieux comprendre, dans le respect de son  travail, de ses comportements, de son  intimité. » (Rivière, 1985, 183).

Ce nouveau concept qui, en France va permettre l’évolution des premiers musées de plein air en écomusée ( Parc naturel d’Armorique et Parc naturel des grandes landes), va s’enrichir dans le cadre de la création du premier prototype des écomusées français qui va avoir une influence très importante dans le monde de la muséologie : l’écomusée du Creuzot crée en 1973 par Marcel Evrard et par Hugues de Varine. Ce dernier, va théoriser le mouvement en marche de « révolution du musée » pour « décoloniser le musée ». Cette libération ne peut s’effectuer que par un travail de conscientisation qui in fine doit permettre à l’Homme de se transformer par ses propres forces d’objet en sujet (de Varinne, 1976, 235). Son approche théorique modifie également en profondeur deux piliers de la muséologie soit le rapport au patrimoine, « la collection permanente du musée va progressivement disparaître au profit de celle de patrimoine communautaire et collectif (De Varine,1992, 451), et le rapport aux visiteurs « le musée n'a pas de visiteurs, il a des habitants.» (De Varine, 1978, 44). En Amérique du nord, le premier écomusée a été créé en 1979, en haute Beauce (Province du Québec, Canada) sous l’influence de Pierre Mayrand qui souhaitait revaloriser auprès de la communauté le riche patrimoine rural, tant matériel qu’immatériel (tradition orale).


C’est suite à l’achat, par souscription publique, de la collection de Napoléon Bolduc, regroupant 600 objets  ethnographiques sur l'histoire et les métiers traditionnels de la région que cet écomusée a pu se créer au sein d’un ancien presbytère du village. En réalité Pierre Mayrand, va théoriser une approche du concept d’écomusée qui s’intègre bien plus dans la culture québéquoise (décentralisation effectuée par René Levesque qui prônait de faire confiance aux individus, de développer leur créativité (1976), apport du courant de l’interprétation par Parc Canada, et apport du courant des écomusées). Son premier apport majeur est symbolisé par le processus de triangulation du musée (Mayrand, 1989) qui permet de scinder l’évolution de la conscientisation des populations en trois phases : interprétation, territoire, écomusée pour « créer un territoire mental, celui de l’écomusée pour entreprendre des actions plus sociales. La première qui se rapporte à l’interprétation du territoire a pour objet de sensibiliser les populations à leur identité. La deuxième qui permet de passer du territoire à l’écomusée, a pour objet le partage la création de référents communs, enfin la dernière phase, indéniablement la plus complexe qu’il dénomme para muséologie, devrait déboucher sur l’action. Le concept d’écomusée va être très largement repris dans tous les continents (Davis 1999, Desvallée 1992, 2000), et victime de son succès et par effet de mode il sera parfois dévoyé.  En chine, dans le sillage du premier musée de village créé à Guizhou en 1984 va être créé le premier écomusée à Sueoga en 1998. Progressivement d’autres écomusées vont voir le jour  et comme sur les autres continents, ces nouvelles structures muséales sont assez hétérogènes. Selon Nitzky (2012) compte tenu du développement économique important réalisé lors des 30 dernières années qui a pu engendrer une destruction du patrimoine en chine d’une part, et d’autre part du fort développement du tourisme, les premiers écomusées se sont focalisés sur la protection du patrimoine des ethnies minoritaires qui perdaient progressivement leur culture traditionnelle, leur folklore. Il en est ainsi du Billboards national historic and cultural village  (Nitzky, 2012, p. 386)  ou de l’écomusée du village de Zhensham (p.392). Ces institutions qui se focalisent sur le développement économique, s’opposent, selon Nitzky (2012, p. 397) à l’écomusée de Lihu (Région de Mandan au nord ouest de Guangxi qui privilégie un ancrage communautaire.

Les premiers écomusées créés en Europe vont indéniablement influencer les professionnels et chercheurs qui ont participé, en 1972, à la Résolution de Santiago du Chili  pour les musées d’Amérique latine. Cette conférence avait pour objet d’analyser les conséquences, pour les institutions muséales latino-américaine, des problèmes rencontrés dans le milieu rural, urbain et liés au développement scientifique et technique. En réponse à ces problèmes qui nécessitent une approche holiste, la résolution de Santiago du Chili propose les fondements des « musées intégraux » réalisés en  filiation des écomusées français. L’accent est mis notamment sur l’altérité. Dans cette déclaration les signataires décident entre autres : d’ouvrir les musées aux disciplines qui n’entrent pas dans son domaine de compétence traditionnel, et insistent sur le fait que les techniques muséographiques traditionnelles doivent être modernisées afin que s’établisse une meilleure communication entre l’objet et le « visiteur ». Ils demandent enfin  que les musées  créent des systèmes d’évaluation qui  permettent de déterminer l’efficacité de leur action à l’égard de la communauté. C’est en s’appuyant sur les résolutions de Santiago qu’a été créé, par Mario Vasquez en 1973-1974, la Casa del Muséo de Mexico qui va avoir une influence très importante en Amérique du Sud (Garcia 1975).

Comme le précise de La Rocha-Mille ( 2000, 162) « A la suite de la déclaration en France en 1982 de l’association Muséologie nouvelle et expérimentation sociale (MNES) le développement et l’extension de ces principes aboutira à l’élaboration des principes du mouvement international de la nouvelle muséologie (MINOM 1985) avec la déclaration du Québec en 1984 »  qui a eu pour objet premier d’être accès sur la gestion. La déclaration du Québec avait pour objet d’étendre le rôle des musées par l’intégration et  le développement des populations en utilisant les méthodes de gestion modernes  adaptées à chaque milieu et à la spécificité de chaque projet. Le MINOM, en englobant divers courants muséologiques (écomuséologie, muséologie communautaire,  muséologie  sociale voulait « Promouvoir une muséologie qui trouve son  fondement fondateur sur les valeurs sociales et communautaires ».

Dans le prolongement de la mouvance de la muséologie communautaire, va émerger au Québec le courant de la muséologie sociale sous l’impulsion de Michel Vallée, Directeur du Musée de société des Deux-Rives à Salaberry-de-Valleyfield. « Mon objectif premier était d’aider concrètement des citoyens touchés par la pauvreté et les problèmes sociaux et de les amener à changer leur vie tout en brassant la cage de leurs concitoyens sur les réalités moins roses d’une ville » (Vallée, 2008, 69). De façon plus spécifique il souhaitait « Prouver aux jeunes décrocheurs qu’ils ont leur place chez eux, leur redonner la fierté, l’estime et la confiance en soi ; engendrer une réflexion sur les agissements des adultes face aux jeunes dits marginaux ; faire connaître le patrimoine de la région d’une manière différente et surprenante ; (…) Faire voir à la population les côtés plus sombres de la région pour réfléchir sur nos responsabilités  en tant que citoyens » (2008,69).

Enfin, c’est en  2007 que Pierre Mayrand présente, lors du XIIème Atelier International de Nouvelle Muséologie – Setubal, le 27 octobre 2007) le concept globalisant de l’ altermuséologie terme proposé pour faire référence à la muséologie sociale, qui selon lui, s’est cantonné dans un rôle trop marginal en rapport à la légitimité du mouvement du MINOM[4]. Pour Mayrand la muséologie sociale prend corps quand, des citoyens déjouent les pièges de la fabrique institutionnelle du patrimoine ouvrant ainsi la voie de l’altermuséologue qui, face au monde et à son explication, « se doit de privilégier le questionnement social, politique et culturel sur le devenir de nos sociétés, de se sentir entraîner par une cause, de chercher à mettre celle-ci à profit dans la création muséale libérée de toute entrave (…) en bref pour le professionnel de prendre une marge de distance avec la règle de l’institution » (Mayrand, 2009, 94).

 

Nous voulons enfin souligner l’émergence des banques culturelles en Afrique. Ce sont des petites institutions gérées directement par des villageois qui sont au service de toute la communauté et qui ont pour principal objet de développer en son sein des actions de protection, et promotion du patrimoine matériel local, ainsi que des activités génératrices de revenus. Il s’agit à nos yeux d’une expérience très innovante en matière de gestion et de mise en scène du patrimoine en Afrique subsaharienne car, en liant culture et développement local, la Banque culturelle propose une solution alternative à la vente des objets culturels par la mise en place d’un mécanisme de mise en valeur des objets traditionnels en faveur de toute la communauté. (cf Girault Y. 2016, article en ligne sur ce site)


À retenir

Que pouvons-nous retenir de ces diverses représentations de la nouvelle muséologie ? Trois facteurs semblent indispensables à prendre en compte.

  • Point focal des musées traditionnels, le patrimoine change de statut dans le cadre des divers courants de la nouvelle muséologie. Les musées qui se donnaient comme objectifs principaux de collecter, conserver et présenter des objets naturels et des artefacts s’ouvrent, dans le cas du courant de la nouvelle muséologie, à la totalité des patrimoines d’une communauté territoriale. Ceci nous conduit à faire référence au concept de patrimoine global car il inclut la totalité des us et coutumes d’une population.
  • Le deuxième paramètre important c’est l’ancrage dans un territoire. Cette caractéristique induit également un bouleversement dans les pratiques de patrimonialisation puisque, ce ne sont plus les spécialistes qui doivent décider de ce qui fait patrimoine et qui doit entrer au musée, mais dans le cadre d’échanges et de co-constrution de savoirs, ce sont les populations qui effectuent ces choix.
  • Enfin le troisième paramètre consiste à recentrer le projet muséal sur le public perçu comme un habitant (le patrimoine est alors un outil favorisant le processus identitaire) et non comme un touriste pour qui le patrimoine est un objet de consommation.

Ces changements profonds du rapport au musée qui ont pris corps dans les années 70/80 en Europe n’ont en réalité pas modifié les pratiques professionnelles dans les grandes structures muséales dirigées principalement par des conservateurs. Ces pratiques émergentes se sont développées dans des structures le plus souvent modestes, sous l’impulsion de personnes très motivées, et en Europe de militants de l’éducation populaire. Aujourd’hui, compte tenu du changement générationnel, les principaux protagonistes se sont retirés et les structures les plus performantes qu’ils ont souvent contribué à créer sont parfois devenues de réelles institutions avec des équipes de professionnels qui les animent. Dans ces conditions comment pourront elles continuer à évoluer tout en gardant une démarche participative des habitants ? Un certain nombre de ces structures qui se sont tournées sur le passé, et qui sont en quête de rentabilité économique  ne sont -elles pas contraintes à contribuer à folkloriser leur patrimoine, à le réinventer au détriment d’un ancrage dans la société pour développer l’empowerment ? Alors même que l’invocation du participatif devient dominante, y compris dans les politiques patrimoniales de l’UNESCO et donc au sein des géoparcs , il semble important de développer des analyses critiques des expériences en cours en s’appuyant sur les réussites et les échecs des innovations déjà réalisées tout en acceptant le fait que chaque situation est spécifique, et qu’il est donc impossible de vouloir prendre un exemple comme modèle.

 


GIRAULT, Yves

MNHN, Paris, France

 

 

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Pour aller plus loin

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Muséologie participative