Voici les définitions des termes du lexique commençant par les lettres A à E. 

 

 

POUR CITER LE PRÉSENT LEXIQUE :

Lexique de termes en relation avec le géopatrimoine et les géoparcs, extrait de: DA LAGE Antoine, GIRAULT Yves, JUHÉ-BEAULATON Dominique, LUXEREAU Anne, ROBBE Pierre, ROUSSEL Bernard. Dictionnaire des mots du patrimoine, approche encyclopédique et critique (à paraître), en spécifiant la date de consultation.


ANCÊTRE, n.m.

     Déf. : 1. Au sens commun, ascendant d’une personne ou d’un groupe de parenté, antérieur aux grands-parents. 2. Dans le domaine des études patrimoniales, un tel ascendant, réel ou mythique, distingué pour sa place particulière, voire originelle, dans la filiation, ou bien pour sa position sociale, ses hauts faits… 3. Personne ou pratique reconnue comme précurseur d’un courant de pensée, d’un savoir, d’une esthétique… 4. Dans les sciences du vivant, terme parfois utilisé pour désigner un taxon considéré comme à l’origine d’autres taxons ou de lignées évolutives.

     Note : 1. Au sens n° 2, le statut d’ancêtre peut être une réalité d’ordre généalogique, mais c’est aussi souvent une représentation culturelle, une construction idéologique… Un ancêtre n’a donc pas toujours de lien biologique avec ceux qui se reconnaissent être ses descendants ; il peut être mythique et prendre une forme autre qu’humaine. 2. Au statut d’ancêtre sont associées des idées de fondation, d’identité et de cohésion du groupe social. De plus, ce statut peut aussi conférer un rôle juridique essentiel dans un grand nombre de sociétés : maîtrise de l’exercice de techniques, droits sur des espaces et des ressources… 3. La mémoire de l’ancêtre, de ses lieux de vie, ou de sa sépulture se transmet de génération en génération, notamment par la tradition orale ou des rituels, et peut servir de base à de nombreuses opérations de patrimonialisation. 4. Au sens n° 4, la conservation de ces taxons « originels » justifie parfois la mise en œuvre de mesures patrimoniales. C’est le cas de la Réserve de biosphère de la Sierra Mananthan (Mexique) qui contribue à protéger Zea diploperennis, une des espèces de téosinte, ancêtre sauvage du maïs (Zea mays L.).

     V. A. : aïeul, ancestral, ancestralisation, ancestralité, ancêtre commun, ancêtres, bois sacré, clan, lieu de mémoire, lignage, lignée, totem.

     Dom. : anthr. soc. — archéol. — dr. — hist. — muséol. — patrim. — tour.

 

 

ANCÊTRES, n.m. pl.

     Déf. : Du point de vue d’un groupe social donné, terme qui désigne ceux qui, dans les temps anciens, l’ont précédé (ex. : « nos ancêtres les Gaulois », « la terre de nos ancêtres », « le bois sacré des ancêtres »).

     V. A. : aïeul, ancestral, ancestralisation, ancestralité, ancêtre, générations futures, lieu de mémoire, lignage, lignée, totem.

     Dom. : anthr. soc. — archéol. — dr. — hist. — muséol. — patrim. — tour.

 

 

ARCHÉOLOGIE EXPÉRIMENTALE, n.f.

     Déf. : Branche de l’archéologie qui vise à reconstituer des objets techniques et à les comparer aux originaux et à leurs vestiges, de manière à comprendre leurs modes de fabrication et leurs usages à travers l’expérimentation.

     Note : 1. Les reconstitutions expérimentales et tous leurs résultats permettent des mises en scène scénographiques, muséographiques contribuant à la valorisation pédagogique et touristique des patrimoines archéologiques. 2. L’archéologie expérimentale reconstitue au mieux les objets, les techniques de fabrication, les usages (taille des silex, art rupestre, creusement de pirogues, reconstruction de châteaux médiévaux…) et les fonctions des objets (reconstitution de dépeçage de la viande…) afin d’interpréter les vestiges mis à jour par les fouilles archéologiques (outils, traces d’activités…).

     V. A. : ethnoarchéologie, tracéologie.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — cult. — écol. — écon. — envir. — ethn. — géogr. — hist. — muséol. — paléont. — patrim. — tour.

 

 

ARCHIVE NATURELLE, n.f.

     Déf. : 1. Appellation donnée à certains éléments trouvés dans le milieu dans lequel ils ont été conservés et qui témoignent de conditions mésologiques anciennes, permettant ainsi de formuler des hypothèses sur un état passé de l'environnement physique ou biologique (à l’instar des informations historiques qu’on peut tirer d’un fonds d’archives). 2. Appellation parfois donnée à un spécimen d’histoire naturelle vivant ou non, mis en collection (ou, par extension, à la collection elle-même) pour souligner qu’il est potentiellement source d’informations sur l’histoire de la nature, de l’environnement et des sociétés.

     Note : 1. Au sens n° 1, les pollens fossiles, les sols et paléosols, des graines ou des fragments végétaux, des charbons de bois, les cernes de croissance des arbres, les particules d'air piégées dans la glace, certaines dunes ou certains types de sédiments sont des exemples d'archives naturelles. Ainsi, les dépôts vulcano-sédimentaires du Rift est-africain sont souvent considérés comme les archives naturelles de l’histoire de l’évolution de l’homme. 2. Outre les données qu’elles constituent pour retracer la dynamique passée des milieux (ex. : incendies de forêt, crues, changements climatiques…), les archives naturelles ont un rôle précieux dans la datation d’éléments du patrimoine archéologique et peuvent apporter des informations utiles à la compréhension de l’histoire des relations des sociétés avec les végétaux ou les animaux. 3. Au sens n° 2, les collections réunies dans des carpothèques, palynothèques, mycothèques, herbiers, zoos sont des exemples d’archives naturelles. 4. Alors qu’au sens n° 2, c’est bien l’homme qui fait fonction d’archiviste (ex situ), au sens n° 1, ce sont la nature et le milieu qui (in situ) jouent un tel rôle.

     V. A. : cabinet de curiosités, muséum, patrimoine naturel, paysage.

     Dom. : agron. — archéol. — biol. — cult. — écol. — envir. — géogr. — géol. — hist.— muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — tour.

 

 

ARRÊTÉ PRÉFECTORAL DE PROTECTION DU GÉOTOPE, n.m.

     Syn. : APPG, n.m.

     Déf. : Dans les départements français, mesure de protection réglementaire visant à empêcher la destruction, l’altération ou la dégradation de tout site géologique déclaré comme ayant un intérêt patrimonial.

     Note : 1. L’idée de création de l’APPG, conçu sur le modèle de l’Arrêté préfectoral de protection de biotope, date de 1997. Il faudra cependant attendre le décret de 2015, en application de la Loi dite Grenelle II de 2010, pour que ces APPG soient institués sous l’appellation sibylline « arrêtés de protection ciblés sur le patrimoine géologique ». 2. Au sens de ce décret, la patrimonialité des sites concernés peut résider dans leur caractère de référence internationale, leur intérêt scientifique, pédagogique ou historique, ou dans la rareté des objets géologiques qui s’y trouvent.

     V. A. : Code de l’environnement, géodiversité, géopatrimoine, géosite, réserve naturelle géologique, site d’intérêt géologique.

     Dom. : dr. — envir. — géogr. — géol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — sc. pol. — tour.

 

 

ATLAS DE PAYSAGE, n.m.

     Var. : atlas de paysages, n.m. ; atlas des paysages, n.m.

     Syn. : atlas des unités de paysages, n.m.

     Déf. : Document associant textes, cartes, croquis et autres éléments iconographiques, qui identifie les paysages d’un territoire, les caractérise, les recense et les qualifie en tenant compte des valeurs particulières, notamment identitaires et patrimoniales, qui leur sont attribuées par les acteurs et les populations concernés et permet d’en suivre les dynamiques.

     Note : 1. Ces documents s’appuient sur les concepts d’unité paysagère, entité distincte et homogène à l’échelle étudiée, en termes de structure paysagère, d’élément de composition, d’ambiances, de perception et de représentations sociales. Sans comporter de volet de préconisations, de tels documents permettent néanmoins d’identifier des enjeux majeurs d’aménagement, de conservation ou de préservation et de mise en valeur pour chaque territoire : la portée de ces enjeux, qui sont souvent sources de débats et controverses, montre que les atlas de paysages, loin d’être seulement des outils techniques, sont aussi des outils de patrimonialisation. 2. Ces atlas sont généralement réalisés par des bureaux d’études sous l’égide des directions régionales chargées de l’environnement avec le concours des différents acteurs locaux, publics et privés. 3. En France, depuis 2014, un nouveau cadre méthodologique standardisé détaille les aspects géomorphologiques, visuels, écologiques, culturels…, au niveau des régions et des départements. Ils sont réactualisés avec une périodicité d’environ 10 ans. En 2015, 66 atlas de paysages, soit régionaux soit départementaux, avaient été réalisés. 4. Alors qu’ils sont fondamentalement fondés sur l’idée de dynamique des paysages, ces atlas peuvent parfois servir d’arguments pour des discours conservateurs qui ne conçoivent les paysages que comme un patrimoine figé et intangible.

     V. A. : ayatollah du patrimoine, Convention européenne du paysage, NIMBY, lecture de paysage, observatoire photographique du paysage, Observatoire photographique national du paysage, patrimoine paysager, paysage patrimonial.

     Dom. : agron. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — géogr. — géol. — hist. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

BIOLOGIE DE LA CONSERVATION, n.f.

     Déf. : Discipline scientifique qui vise à élaborer les principes et pratiques d’une gestion de la biodiversité à des fins conservatoires dans les espaces naturels ou semi-naturels, en s’appuyant sur les savoirs théoriques et expérimentaux de la biologie, de l’écologie et de la biogéographie, ainsi que des sciences sociales économiques et juridiques.

     Note : 1. La biologie de la conservation a émergé suite à la prise de conscience des crises environnementales du milieu des années 1960 et s’est progressivement constituée en discipline à la fin des années 1970 par les auteus anglo-saxons. 2. Elle accorde un rôle éminent aux interventions humaines dans la conservation du patrimoine naturel. Elle a apporté en cela une dimension nouvelle aux sciences naturalistes qui, jusqu’alors, faisaient abstraction de la présence de l’homme dans la biosphère ou le considéraient comme un agent destructeur. Elle a de ce fait dépassé les conceptions sanctuaristes des scientifiques et des associations qui ont longtemps préconisé, comme seule forme de protection de la nature, une réglementation coercitive à l’égard de la présence humaine dans les espaces à protéger. 3. Cette nouvelle approche débouche non seulement sur des choix de réhabilitation ou de restauration de milieux dégradés, ou bien de réintroduction d’espèces rares ou localement disparues, mais aussi sur des aménagements prenant en compte le fonctionnement et la résilience des écosystèmes tout en s’efforçant de plus en plus souvent de tenir compte des savoirs et pratiques des populations locales concernées.

     V. A. : banque de semences, Conservatoire botanique national, Convention de Berne, Convention de Ramsar, Convention sur la diversité biologique, Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, écologie de la réconciliation, écologie de la restauration, gestion conservatoire, gestionnite, liste blanche, liste de vigilance, liste grise, liste noire, liste orange, liste rouge, liste verte, MEA, nature ordinaire, patrimonialisation, préservation, sciences participatives, Traditionnal ecological knowledge, Union internationale pour la conservation de la nature.

     Dom. : anthr. soc. — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol.

 

 

CAFÉ PATRIMOINE OU CAFÉ-PATRIMOINE, n.m.

     Déf. : Réunion proposée au grand public dans un bistrot, un restaurant ou une salle communale, à intervalle plus ou moins régulier par diverses associations, pour échanger sur un mode convivial idées et informations liées au patrimoine historique, architectural, culturel, etc., la plupart du temps local, en présence d’un ou plusieurs intervenants spécialistes.

     Note : 1. Les cafés patrimoines, qui existent dans plusieurs pays (France, Tunisie…), ont été lancés au milieu des années 2000 sur le modèle d’expériences antérieures telles que les cafés philosophiques, cafés littéraires, cafés géographiques, cafés théologiques ou cafés de la biodiversité… 2. Ne pas confondre avec les « cafés du patrimoine » qui, sur le même modèle, traitent de questions liées aux placements financiers et à la fiscalité.

     V. A. : éducation au patrimoine, Entretiens du patrimoine, Journées du Patrimoine, Journées juridiques du patrimoine.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — géol. — hist. — ling. — muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CAROTHÈQUE, n.f.

     Déf. : 1. Collection publique ou privée de spécimens de carottes géologiques issues de forages du sous-sol. 2. Collection de spécimens de carottes glaciaires. 3. Collection publique ou privée de spécimens de carottes pédologiques ou archéologiques issues de sondages du sol

     Note : 1. Toute carothèque est un outil de référence scientifique et pédagogique à dimension patrimoniale ou sert aux expertises. 2. Au sens n° 1, elle peut permettre de substantielles économies en évitant le percement de nouveaux forages avant des travaux d’infrastructure. 3. Au sens n° 2, les applications des recherches effectuées sur les carottes touchent notamment à la radioactivité, à la microbiologie et aux changements climatiques globaux. La base antarctique franco-italienne de Concordia gère une carothèque de valeur internationale car l’épaisseur de sa calotte glaciaire permet d’accéder aux archives du climat de la planète et de reconstruire les cycles interglaciaires sur plus de 800 000 ans. 4. Le réchauffement climatique actuel et la fonte des glaces incitent à multiplier et accélérer le recueil et la conservation d’échantillons des différents glaciers polaires ou montagneux, pour permettre aux générations futures de disposer de matériaux scientifiques témoins.

     V. A. : archive glaciaire, archive sédimentaire, collection de référence, géoconservation, géothèque, lithothèque, palynothèque, patrimoine géologique, patrimoine lithologique, patrimoine sédimentaire, patrimoine sédimentologique.

     Dom. : agron. — archéol. — biol. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — géol. — hist. — muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — sc. pol.

 

 

CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE, n.f.

     Déf. : Elaboration d’une représentation graphique d’un territoire, faisant appel aux contributions d’un groupe d’habitants de ce territoire, associé plus ou moins étroitement à des spécialistes : cartographes, ethnologues, géographes, naturalistes, professionnels du développement ou de l’aménagement.

     Note : 1. Cette représentation peut être une carte géographique ou toute autre forme de schéma rendant compte de l’organisation spatiale. 2. La contribution des habitants peut concerner la constitution du corpus de données, mais aussi la réalisation des représentations graphiques. La sélection des données, leur mise en forme ainsi que la finalité des travaux entrepris résultent de la collaboration entre spécialistes et habitants, notamment selon qu’ils sont demandeurs ou sollicités. 3. Dans des contextes actuels de gouvernance des ressources et des territoires, mais aussi dans le cadre de revendications patrimoniales et identitaires, cette démarche est de plus en plus courante.

     V. A. : article 8j, patrimoines locaux, patrimonialisation, Traditionnal ecological knowledge, toponymie, valeur patrimoniale.

     Dom. : anthr. soc. — biol. — envir. — géogr. — patrim. — prot. nat.

 

 

CATÉGORIE UICN, n.f.

     Syn. : catégorie de gestion des aires protégées de l’UICN, n.f.

     Déf. : Élément d’une typologie établie par l’Union mondiale pour la nature (UICN) pour harmoniser, au niveau international, les désignations des aires protégées en fonction du degré de protection et des objectifs de gestion qui leur correspondent, et ainsi permettre la constitution d’une base de données mondiale.

     Note : 1. Les catégories UICN, définies en 1978 et révisées en 1994, sont : la catégorie I-a, appelée « réserves naturelles intégrales », regroupant les aires bénéficiant d’une protection totale à des fins de recherche scientifique ; la catégorie I-b, les « zones de nature sauvage », correspondant à une protection totale des ressources sauvages ; la catégorie II, celle des « parcs nationaux » dans lesquels la protection des écosystèmes est forte, avec un tourisme néanmoins autorisé ; la catégorie III, celle des « monuments naturels », limitant la protection à certains types de sites particuliers ; la catégorie IV, intitulée « aires de gestion des habitats ou des espèces », focalisant la protection sur une espèce, un écosystème ou un milieu particulier ; la catégorie V, celle des « paysages terrestres ou marins protégés », avec une protection assez souple pour des paysages ou milieux anthropisés, autorisant une forte orientation touristique ; la catégorie VI, celle des « aires protégées de ressources naturelles gérées », permettant une utilisation durable des écosystèmes naturels. 2. Ne pas confondre avec classification UICN.

     V. A. : Arrêté de protection des biotopes, conservation, gestionnite, parc habité, parc marin, parc naturel, parc naturel régional, préservation, prioritaire.

     Dom. : biol. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CENTRE D'INTERPRÉTATION DE L'ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE, n.m.

     Syn. : CIAP, n.m.

     Déf. : Équipement culturel consacré à la sensibilisation, l’information et la formation des habitants d’une commune ou d’un ensemble de communes, ainsi que des touristes et autres visiteurs, autour des questions liées à l’histoire et aux enjeux actuels de l’architecture locale et du patrimoine urbain et paysager.

     Note : 1. En France, chaque commune ou territoire ayant obtenu le label Villes et Pays d’art et d’histoire a l’obligation d’ouvrir un CIAP. 2. Les CIAP associent généralement des lieux d’exposition permanente ou temporaire pour la découverte de l’architecture et du patrimoine du territoire concerné, un centre de ressources documentaires et pédagogiques spécialisé, des salles de réunion pour la formation et des rencontres-débats sur la mise en valeur du patrimoine et l’aménagement urbain.

     V. A. : animateur de l’architecture et du patrimoine, Conseil national des villes et pays d’art et d’histoire, médiateur de l’architecture et du patrimoine.

     Dom. : archéol. — archit. — bx arts — cult. — dr. — écon. — géogr. — hist. — muséol. — patrim. — tour.

 

 

CENTRE INTERNATIONAL D'ÉTUDE POUR LA CONSERVATION ET LA RESTAURATION DES BIENS CULTURELS, n.m.

     Syn. : Centre de Rome, n.m. ; Centre international de conservation, n.m. ; ICCROM, n.m.

     Déf. : Organisme intergouvernemental dont la mission est de contribuer, par des actions de formation, d’information, de recherche, de coopération et de sensibilisation menées dans le monde entier, à la conservation de toutes les formes de patrimoine culturel, en tant que vecteurs de développement et de bien-être social.

     Note : 1. L’acronyme ICCROM est forgé sur son sigle anglais (ICC, International Centre for Conservation) et sur ROM, abréviation internationale du nom de Rome, sa ville-siège. 2. Fondé par l’Unesco en 1956, l’ICCROM regroupe 110 États adhérents, ainsi que plusieurs organisations affiliées avec un statut de membre associé. Il est un des organes consultatifs du Comité du patrimoine mondial. 3. Par l’importance du fonds de sa bibliothèques spécialisée et par son site Internet, l’ICCROM est l’un des principaux centres de ressources au monde dans le domaine de la conservation et de la restauration. 3. Dans une approche interdisciplinaire (archéologie, histoire de l’art, architecture, urbanisme…), il a défini des normes techniques et un code éthique à portée internationale, relatifs aux activités de conservation-restauration et à la gestion durable des éléments patrimoniaux (villes et bâtiments historiques, peintures murales, collections de musées, archives, fonds bibliothécaires, matériaux de construction traditionnels, sites archéologiques, paysages…).

     V. A. : Conseil international des musées, ICOMOS.

     Dom. : anthr. soc. — archéol. — archit. — bx arts — cult. — dr. — écon. — géogr. — hist. — muséol. — patrim. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CENTRE MONDIAL DE LA SURVEILLANCE DE LA CONSERVATION, n.m.

     Syn. : WCMC, n.m.

     Déf. : Organisme intégré au Programme des Nations-unies pour l’environnement (PNUE), qui a pour mission d’effectuer un suivi de l’état de la biodiversité et d’inciter les élus, les administrations et les entreprises à placer celle-ci et sa protection au premier rang de leurs préoccupations environnementales, en application de la Convention sur la diversité biologique.

     Note : 1. WCMC est le sigle du nom anglais de cet organisme : World Conservation Monitoring Centre. 2. Créé en 1988 en tant qu’organisation non gouvernementale (ONG) britannique, le WCMC a été intégré au PNUE en 2000. Son siège est à Cambridge (Grande-Bretagne).

     V. A. : Académie internationale pour la conservation de la nature, Conseil de préservation de la vie sauvage, Union internationale pour la conservation de la nature.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CHARTE DU PAYSAGE MÉDITERRANÉEN, n.f.

     Syn. : Charte de Séville, n.f.

     Déf. : Ensemble de principes fondamentaux préconisant la prise en compte des paysages, leur gestion et leur protection dans les politiques publiques d'environnement, d'aménagement du territoire et de gestion du patrimoine des régions européennes de l’aire méditerranéenne.

     Note : 1. Proposée en 1993 à Séville par les régions Andalousie (Espagne), Languedoc-Roussillon (France) et Toscane (Italie), elle a inspiré la Convention européenne du paysage. 2. Insistant sur le caractère naturel et culturel des paysages, et soulignant les menaces qui pèsent sur eux (urbanisation diffuse et mal contrôlée, développement massif du tourisme, abandon et banalisation des espaces ruraux, oubli des valeurs paysagères), cette charte reconnaît toute l’importance des paysages dans le cadre de vie et l'identité culturelle des populations d'Europe.

     V. A. : Convention du patrimoine mondial, patrimoine culturel, patrimoine mondial.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — géogr. — géol. — hist. — muséol. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CODE DU PATRIMOINE, n.m.

     Déf. : Recueil de l’ensemble des textes législatifs et réglementaires du droit français, relatifs au patrimoine (patrimoine culturel, dépôt légal, archives, bibliothèques, musées, archéologie, monuments historiques, sites et aires protégées…).

     Note : 1. Le Code du patrimoine a été instauré en 2004 pour les lois et en 2011 pour les règlements, par la compilation d’un certain nombre textes préexistants : lois sur les monuments historiques (1913), sur la protection des monuments et des sites naturels (1930), sur les fouilles archéologiques (1941), sur les archives (1979), sur le dépôt légal (1992), sur l’archéologie préventive (2001), sur les musées (2002, 2004)… 2. Au sens de l’article L.1 de ce code, est considéré comme patrimoine « l’ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la propriété publique ou privée, qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique ». 3. Il convient d’observer qu’en droit français, ce qui touche au patrimoine naturel relève du Code de l’environnement et non de celui du patrimoine.

     V. A. : Convention du patrimoine mondial, Fondation du patrimoine, zone de protection du patrimoine architectural et urbain, zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager.

     Dom. : archéol. — archit. — bx arts — cult. — dr. — écon. — géogr. — hist. — muséol. — patrim.

 

 

COLLECTIONNEUR (-EUSE), n.m. (n.f.).

     Déf. : Personne qui, pour ses loisirs, par passion ou pour des placements financiers, voire par effet de mode, constitue, enrichit et garde en état une ou plusieurs collections.

     Note : 1. Pour les personnes qui, après une formation appropriée, font de même par profession, par exemple dans des musées, des bibliothèques ou des centres de documentation, on parle plutôt de conservateurs ou d’archivistes. 2. Rares sont les collectionneurs, notamment les enfants, qui le sont d’abord pour des motivations patrimoniales. 3. Selon l’objet de leur collection, les collectionneurs sont désignés par des appellations spécifiques : philatélistes (timbres-poste), copocléphiles (porte-clefs), tyrosémiophilistes (étiquettes de fromage)…

     V. A. : collection particulière, collection privée, collectionnisme, inventorieur, objet de collection, pièce de collection.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — biol. — cult. — dr. — écon. — ethn. — géol. — hist. — muséol. — paléont. — patrim. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

COLLECTIONNISME, n.m.

     Déf. : 1. Engouement individuel ou collectif pour la constitution de collections (notamment d’œuvres d’art). 2. Ensemble des principes et méthodes relatifs à la recherche et l’acquisition d’objets dans le but d’en constituer une collection.

     Note : 1. Ce terme, d’abord utilisé en psychiatrie (début du XXe siècle), a longtemps eu la connotation péjorative de correspondre à une maniaquerie morbide d’accumuler tout et n’importe quoi. Il a été repris par les historiens et historiens d’art pour décrire le phénomène qui s’est produit à la Renaissance, quand la pratique des collections (vestiges antiques, orfèvrerie, peinture…) est sortie des seules sphères aristocratiques où elle était encore cantonnée, pour se répandre dans la bourgeoisie marchande, ce qui a alors créé un véritable marché de l’art. 2. En France, c’est avec la Révolution de 1789 que le collectionnisme a cessé d’être l’apanage d’une élite privée, mais est devenue une politique publique, lorsque d’anciennes collections nobiliaires ou ecclésiales, devenues Biens Nationaux, sont passées dans le domaine de l’État ; celui-ci a alors pris à sa charge l’entretien et l’enrichissement de ce qui devenait des collections publiques et a ouvert des musées pour les y présenter (le mouvement a ensuite été poursuivi par les collectivités territoriales). 3. Qu’il s’agisse d’institutions privées ou publiques, l’existence des musées a fait émerger un collectionnisme savant, transformant ce qui était plutôt auparavant une passion empirique.

     V. A. : cabinet de curiosités, chine, collection de recherche, collectionneur, collectionnite, conservateur, conservation, fondation, mécénat, objet de collection, pièce de collection, patrimoniomanie, patrimoine culturel.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — biol. — cult. — dr. — écon. — ethn. — géol. — hist. — muséol. — paléont. — patrim. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

COMITÉ INTERNATIONAL DES PAYSAGES CULTURELS, n.m.

     Déf. : Instance qui a pour but de promouvoir la recherche, l’enseignement et la sensibilisation du public et des secteurs professionnels sur toutes questions relatives aux paysages culturels.

     Note : Ce comité, qui est l’un des 27 comités scientifiques internationaux (CSI) de l’ICOMOS, a succédé en 2006 au Comité international des jardins historiques - paysages culturels : ce changement de dénomination a reposé sur l’idée que les jardins sont les premiers des paysages culturels.

     V. A. : art des jardins, Charte relative à la sauvegarde des jardins historiques, Comité des parcs et des jardins de France, Comité international des jardins et des sites historiques, Conseil national des parcs et jardins, Conservatoire des jardins et paysages, Direction de l’architecture et du patrimoine, Fondation des parcs et jardins de France, Institut européen des jardins et paysages, Institut national des parcs et jardins, jardin historique, Jardin remarquable, patrimoine botanique, patrimoine floral, patrimoine floristique, patrimoine horticole.

     Dom. : agron. — archit. — art viv. — bx arts — cult. — dr. — envir. — hist. — muséol. — patrim. — tour.

 

 

CONSERVATION EX SITU, n.f.

     Déf. : Type de conservation d’objets patrimoniaux d’origines et de natures très diverses (archéologiques, anthropologiques, éléments de la biodiversité, ethnologiques, géologiques, industriels, paléontologiques, préhistoriques, scientifiques…), qui les maintient en dehors des formations géologiques, des écosystèmes, des agrosystèmes ou des lieux d’usage auxquels ils appartenaient.

     Note : 1. Ces objets sont choisis, selon une certaine logique de représentativité, inventoriés, classés et présentés dans des institutions qui leur sont dédiées (musées, écomusées, jardins botaniques, parcs zoologiques…). Quand celles-ci se trouvent proches des lieux d’origine, leur lien avec les populations locales reste fort. 2. Pour les collections vivantes (plantes et animaux), la conservation ex situ concerne des taxons menacés : elle est menée de manière à permettre leur reproduction pour conduire des actions de renforcement de population et, in fine, de réintroduction ou d’introduction dans la nature, ce qui n’est pas sans poser de graves difficultés de réinsertion territoriale et comportementale. 3. De plus en plus de voix s’élèvent contre la conservation ex situ, parce qu’elle pose des questions de droits d’accès et de propriétés difficiles à résoudre vis-à-vis des États et des communautés locales concernés par ces éléments patrimoniaux.

     V. A. : cabinet de curiosités, conservation in farm, conservatoire (n.m.), conservatoire génétique.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — archéol. — archit. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — géogr. — géol. — muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — tour.

 

 

CONSERVATION IN FARM, n.f.

     Déf. : Type de conservation in situ des éléments de l’agrobiodiversité qui s’appuie sur leur utilisation dans des agrosystèmes gérés hors des normes et pratiques de l’agriculture intensive industrielle.

     Note : 1. Expression anglaise (signifiant « conservation à la ferme ») employée telle quelle en français. 2. Il s’agit d’un cas particulier de conservation in situ, appliqué aux cultivars et aux races domestiques. 3. Plutôt que dans la conservation ex situ (dans les banques de gènes ou de semences), certaines variétés végétales ou races animales trouvent dans la conservation in farm et dans ses différentes modalités (agriculture biologique, permaculture, polyculture…) une meilleure adaptation à la constante évolution des agro-écosystèmes.

     V. A. : banque de graines, carpothèque, conservatoire (n.m.), conservatoire génétique, ressource phytogénétique, stud-book.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — archéol. — archit. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — géogr. — géol. — muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — tour.

 

 

CONSERVATION IN SITU, n.f.

     Déf. : Type de conservation d’objets patrimoniaux d’origines et de nature diverses (sites archéologiques, paléontologiques, préhistoriques et géologiques, éléments de la biodiversité…), qui les maintient sur place, dans les lieux, les formations géologiques, les écosystèmes ou les agrosystèmes auxquels ils appartiennent.

     Note : 1. Le choix de la conservation in situ tient compte d’enjeux liés d’une part aux exigences de la conservation (objets nombreux et volumineux difficiles à transporter, conditions d’élevage et de cultures difficiles à mettre au point en conservation ex situ), d’autre part à la possibilité de continuer les inventaires et les études scientifiques en continuité avec les états originels. 2. La conservation in situ permet le maintien du lien entre les ressources patrimoniales et les pays et populations d’origine et d’en permettre la valorisation économique et touristique locale. Au demeurant, si l’in situ est plus apprécié en terme d’authenticité, elle expose le patrimoine aux dégradations environnementales (érosion et dégradation des écosystèmes), aux pillages et braconnages et nécessite des dispositifs d’entretien de surveillance et de contrôle.

     V. A. : conservation in farm, conservatoire (n.m.), conservatoire génétique, musée de site.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — archéol. — archit. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — géogr. — géol. — muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — tour.

 

 

CONSERVATIONNISME, n.m.

     Déf. : 1. Courant de pensée qui, pour protéger le patrimoine naturel, prône prioritairement de le gérer raisonnablement, c’est-à-dire en acceptant ou en planifiant certains types d’interventions humaines. 2. Démarche économique ou d’aménagement guidée par des objectifs de protection de l’environnement.

     Note : Au sens n° 1, le conservationnisme s’oppose au préservationnisme et, au sens n° 2, au développementalisme.

     V. A. : biodiversité, conservation, développement durable, gestionnite.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CONSERVATIONNISTE, adj. ou n.

     Déf. : 1. Relatif au conservationnisme. 2. [Se dit d’un] partisan du conservationnisme.

     Note : Ne pas confondre avec conservatoire.

     V. A. : conservation, courtiers du patrimoine, patrimonialisateur, préservationniste.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CONSERVATOIRE, adj.

     Déf. : Qui permet la conservation (ex. : une gestion conservatoire, des mesures conservatoires…).

     Note : 1.  Les musées de site archéologique, les fac-similé de grottes ornées sont des exemples de réalisations touristiques et pédagogiques comprenant une forte dimension conservatoire. 2. Ne pas confondre avec conservationniste.

     V. A. : restauratoire.

     Dom. : agron. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — géol. — hist. — ling. — muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CONSERVATOIRE, n.m.

     Déf. : 1. Institution qui, à travers des actions de collection, recherche, enseignement et diffusion, a pour mission la conservation des espèces, variétés ou races, ou celle des sites et milieux naturels. 2. Type d’institution consacrée à l’enseignement de la musique, la danse ou l’art dramatique.

     Note : 1. En France, les conservatoires sont souvent spécialisés. Citons par exemple le Conservatoire du littoral, les Conservatoires botaniques nationaux, les Conservatoires régionaux des espaces naturels, le Conservatoire des races avicoles de Normandie et du Maine, le Conservatoire du mérinos et de la laine… 2. Hors de tout contexte institutionnel, l’expression « véritable conservatoire biologique » est parfois employée pour qualifier un site ou un milieu dont on veut souligner le caractère remarquable par sa richesse et son fonctionnement biologique.

     V. A. : banque de semences, biologie de la conservation, conservation ex situ, conservation in situ, conservatoire (adj.), jardin botanique, musée, réserve, zoo.

     Dom. : agron. — bx arts — biol. — cult. — dr. — écol. — envir. — génét. — muséol. — patrim. — prot. nat.

 

 

CONSERVATOIRE DU MILIEU SOUTERRAIN, n.m.

     Déf. : Organe de la Fédération française de spéléologie qui mène des actions de communication et de sensibilisation pour faire connaître la richesse, la diversité, la vulnérabilité et la valeur patrimoniale des milieux souterrains et des formations karstiques.

     Note : Son expertise peut être sollicitée pour la mise en place de réglementations spécifiques d’accès aux sites.

     V. A. : Comité national du patrimoine souterrain, géoparc, géopatrimoine, patrimoine géologique, patrimoine souterrain.

     Dom. : anthr. soc. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir — géogr. — géol. — hist. — muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — sociol. — tour.

 

 

CONSERVATORISER, v.i.

     Déf. : 1. Prendre des mesures de gestion conservatoire. 2. Créer une aire protégée.

     Note : Néologisme plutôt utilisé pour stigmatiser de telles mesures ou pour déplorer qu’elles soient prises à l’excès.

     V. A. : conservationnisme, gestionnite, hyperpatrimonialisation, patrimonialiser, préservationnisme.

     Dom. : agron. — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — génét. — géogr. — muséol. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CONSERVATORISME, n.m.

     Déf. : 1. Ce qui permet que se maintienne, à travers le temps, un particularisme culturel ou identitaire local, malgré un contexte peu favorable. 2. Terme parfois utilisé pour stigmatiser l’académisme excessif de certains courants artistiques, manquant de créativité et d’avant-gardisme.

     Note : 1. Au sens n° 1, un exemple souvent cité est celui du roumain, langue latine parlée dans un territoire cerné de pays slavophones. Mais à une autre échelle, on parle aussi de conservatorisme linguistique quand subsistent des originalités dialectales dans des contrées reculées (fonds de vallée, villages montagnards…) : c’est ainsi qu’après la Révolution française et l’instauration du français comme langue unique et obligatoire de la République, bien des parlers locaux se sont maintenus avec vigueur, jusqu’après la Première guerre mondiale, malgré les efforts de francisation. Au sein de la francophonie, le français du Québec ou de Louisiane a, par conservatorisme, maintenu des termes, des expressions ou des acceptions qui, au cours des siècles, ont disparu du français de France. 2. Le sens n° 2 fait allusion aux artistes qui sortent du conservatoire. 3. Hors du champ patrimonial, ce terme a aussi été utilisé, au XIXe siècle et au début du XXe, pour désigner ce qu’on appelle aujourd’hui, en politique, le conservatisme ou le réactionnisme. 4. Ne pas confondre avec conservationnisme.

     V. A. : Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, folklorisme, patrimoniomanie.

     Dom. : archit. — bx arts — cult. — dr. — écon. — ethn. — géogr. — hist. — ling. — patrim. — sociol. — sc. pol.

 

 

CONSERVÉ (-E), adj.

     Déf. : 1. Relatif à l’état d’entretien d’un patrimoine (ex. : un monument bien conservé, un manuscrit mal conservé…). 2. Relatif au mode de stockage d’un patrimoine (ex. : un herbier conservé sous atmosphère contrôlée, du pollen conservé dans des sédiments lacustres, des archives audiovisuelles conservées par numérisation…). 3. Se dit d’un patrimoine qui fait l’objet d’une collection gérée par une institution ou un particulier (ex. : une œuvre d’art conservée dans un musée, un fonds conservé dans une bibliothèque, un document conservé en archives…). 4. Se dit d’un patrimoine qui fait l’objet de mesures conservationnistes.

     Note : 1. Au sujet de pièces de collection issues de conquêtes militaires ou coloniales ou d’expéditions scientifiques, et conservées depuis dans des musées occidentaux, les débats sont récurrents pour savoir s’il faut ou non les restituer à leur pays d’origine, au prétexte que celui-ci ne serait pas en mesure de pérenniser leur conservation. 2. Au sens n° 2, les techniques modernes de numérisation ou d’impression 3D permettent de garantir, en principe dans la durée, une accessibilité plus large d’archives scientifiques ou légales ainsi conservées.

     V. A. : ancien, archivé, authentique, collecté, conservatoire (adj.), dégradé, déposé, entretenu, inventorié, menacé, patrimonialisable, patrimonialisé, préservé, protégé, reconstitué, réhabilité, restauré, restitué, sanctuarisé, sauvé, sauvegardé.

     Dom. : agron. — archéol. — archit. — art viv. — bx arts — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — géol. — hist. — ling. — muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

CONVENTION EUROPÉENNE DU PAYSAGE, n.f.

     Syn. : Convention de Florence, n.f.

     Déf. : Traité intergouvernemental ayant pour objet la promotion de la protection du paysage, de sa gestion et de son aménagement, ainsi que l’organisation de la coopération européenne dans ce domaine.

     Note : 1. Adoptée en 2000 à Florence (Italie) par le Conseil de l’Europe, elle donne au paysage un précieux statut juridique et prend en compte toute sorte de paysages qu’ils soient ruraux, urbains ou périurbains, qualifiés de remarquables ou ordinaires, même en état dégradé. 2. Elle lui reconnaît une place essentielle dans le patrimoine européen et ce à plusieurs niveaux : culturel, par son concours à l'élaboration des cultures locales et à la consolidation de l'identité européenne ; écologique et environnemental, pour la protection d’un patrimoine naturel commun diversifié ; social, en termes de qualité de vie des populations et de droits des citoyens ; économique enfin dans la mesure où la mise en valeur de paysages peut créer des emplois. 3. Cette convention qui concerne les 46 États adhérents du Conseil de l’Europe est entrée en vigueur en France en 2006. Elle complète la loi de 1976 relative à la protection de la nature et la loi de 1993 sur la protection et la mise en valeur des paysages et précède la loi de 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages.

     V. A. : atlas de paysages, Charte du paysage méditerranéen, Observatoire photographique national du paysage, observatoire photographique du paysage, paysage culturel, paysagiste.

     Dom. : archéol. — archit. — art viv. — bx arts — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — géogr. — géol. — hist. — muséol. — patrim. — prot. nat. — sc. pol. — tour.

 

 

CONVENTION SUR LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE, n.f.

     Syn. : CDB, n.f. ; Convention de Rio, n.f.

     Déf. : Traité-cadre international qui, sous l’égide du PNUE, vise à la conservation de la biodiversité, à l’utilisation durable des éléments qui la constituent, ainsi qu’au partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques, au moyen d’obligations générales et de protocoles particuliers (mesures, procédures et normes), ainsi que par la mise en place d’une structure institutionnelle.

     Note : 1. Adoptée le 5 juin 1992 et entrée en vigueur en décembre 1993, elle a été signée depuis par 168 États ou groupes d’États (au 1er septembre 2017). 2. Les travaux de la Convention de Rio sur la biodiversité ont largement contribué à faire émerger les dimensions économiques, juridiques et politiques de la diversité aussi bien biologique que culturelle et ont posé la question de son statut patrimonial. 3. A l’échelle mondiale, la Convention n’accorde pas à la biodiversité un statut de « patrimoine commun de l’humanité ». Aux échelles nationales, elle confie à chaque Etat la gestion durable des ressources issues de la biodiversité de son territoire (article 1). Localement, elle reconnaît à la biodiversité le statut de patrimoine naturel et culturel des communautés concernées, qui se voient attribuer des droits particuliers (article 8j).

     V. A. : biodiversité biologique, biodiversité culturelle, Charte mondiale de la nature, CNUED, Convention du patrimoine mondial, Directive Habitats, Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, Traditionnal ecological knowledge.

     Dom. : agron. — anthr. soc. — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — patrim. — prot. nat. — sc. pol.

 

 

DÉCLARATION INTERNATIONALE DES DROITS DE LA MÉMOIRE DE LA TERRE, n.f.

     Déf. : Appel pour la prise en considération et la protection du patrimoine géologique, en tant que bien commun de l’Homme et de la Terre, porteur d’une mémoire historique et d’un futur environnemental essentiels.

     Note : 1. Ce texte adopté à Digne (Alpes de Haute-Provence) en 1991 lors du 1er Symposium international sur la protection du patrimoine géologique émane de spécialistes des sciences de la Terre issus de 30 pays ; il est aujourd’hui considéré comme l’acte fondateur d’une approche patrimoniale des sites et objets géologiques. 2. Cet appel a favorisé, conjointement à l’évolution des conceptions muséographiques, le renouvellement de la présentation au public de ce patrimoine en proposant de nouvelles formes de tourisme scientifique et éducatif centrées sur la protection in situ.

     V. A. : géoconservation, géodiversité, géomorphosite, géoparc, géopatrimoine, géosite, géotourisme, paléoenvironnement.

     Dom. : archéol. — archit. — cult. — dr. — écon. — envir. — géogr. — géol. — hist. — muséol. — paléont. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

DÉLABELLISATION, n.f.

     Déf. : Retrait d’un label de protection ou, par extension, d’une certification et d’un autre signe de qualité à un objet patrimonialisé.

     Note : 1. La délabellisation d’un patrimoine peut être un simple non-renouvellement, lorsque le label est accordé pour une durée déterminée (soit parce que le dossier de candidature n’a pas été redéposé, soit parce que le bien candidat n’apparaît plus conforme aux critères de l’institution ou l’organisme qui accorde le label). Elle peut aussi, après une procédure souvent longue et graduée, être une sanction adressée au gestionnaire du bien par l’institution ou l’organisme accordant le label, pour non-respect des critères : dans ce dernier cas, bien que fondée sur des considérations techniques et juridiques censées être objectives, elle peut être perçue comme une décision politique ou géopolitique, voire népotique. 2. Certaines délabellisations soulèvent des questions polémiques, par exemple quand la perte d’un label d’un monument naguère protégé, permet opportunément d’envisager sa destruction ou quand celle d’un site permet d’y aménager des infrastructures interdites par le label. 3. Ce terme s’emploie également hors du champ patrimonial, par exemple en économie pour les sites ou territoires labellisés « pôles de compétitivité »…

     V. A. : déclassement, dépatrimonialisation, désacralisation, désanctuarisation, désherbage, labellisation, relabellisation, surpatrimonialisation, surlabellisation.

     Dom. : agron. — archit. — biol. — cult. — dr. — écol. — écon. — envir. — ethn. — génét. — géogr. — géol. — hist. — muséol. — patrim. — prot. nat. — sociol. — sc. pol. — tour.

 

 

DA LAGE Antoine[1], GIRAULT Yves[2], JUHÉ-BEAULATON Dominique[4], LUXEREAU Anne[3], ROBBE Pierre[2], ROUSSEL Bernard[2]

1: Espaces, Nature et Culture, UMR 8185 CNRS/Paris Sorbonne Université

2: Patrimoines Locaux et Gouvernance, UMR 208 MNHN/IRD

3: Éco-Anthropologie et Ethnobiologie, UMR 7206 CNRS/MNHN/université Paris Diderot

4: Centre Alexandre Koyré, CNRS/MNHN/EHESS