Depuis quelques années, beaucoup de sites rupestres sahariens sont menacés, un certain nombre a déjà été détruit. Les dangers proviennent aussi bien de l’industrialisaton des pays sahariens, avec des mines d’extracton de minerais par exemple, qui peuvent détruire les sites, que de l’univers mythologique et religieux. En efet, les Berbères considèrent que le monde des hommes est doublé par un monde de génies, les Djouns, dont certains sont les gardiens de fabuleux trésors enfouis. Les gravures rupestres matérialiseraient l’emplacement de ces trésors et peuvent être détruites pour les trouver. L’évoluton géo-politque récente de la région exerce également une menace très forte sur l’art rupestre dans un contexte de radicalisaton de l’islam qui interdit le recours aux représentatons humaines.


Quelle que soit la nature de la menace, les recherches actuelles, comme celles que nous efectuons dans cete région, visent donc à réaliser un inventaire de ce patrimoine archéologique d’une part, et d’autre part à sensibiliser les populatons locales et leurs responsables à la protecton de celui-ci. S’il s’avérait pour diverses raisons impossible de le préserver, nos recherches doivent permetre de décrire et d’enregistrer au mieux l’ensemble des données pour les génératons futures, avant qu’il ne disparaisse à jamais.

  • La première étape consiste donc en une étude scientfque de ce site encore peu connu, par une approche non seulement archéologique, mais également environnementale et ethnologique. Ceci a pour objectf de pouvoir replacer le site archéologique dans son contexte au sens large, que ce soit d’un point de vue environnemental, paysager, mais aussi de le comprendre dans ce qu’il représente aujourd’hui pour les populatons qui vivent dans les environs. Celle-ci comporte plusieurs missions sur place complétées par des phases de travail de laboratoire en France . Il s’agit de traiter les données recueillies pendant la phase terrain une fois rentrés, ce qui signife développer et traiter les photos pour le photographe, transformer les données brutes en cartes pour le topographe, redessiner chaque photo avec un logiciel de traitement de l’image pour l’infographiste et coordonner les résultats de ces trois spécialistes pour les asssembler en un rendu visuel cohérent. Ce travail demande un outllage informatque puissant et perféctonné, donc fragile, qui n’est pas emporté dans le désert mais reste en France.
  • La deuxième étape est celle de la resttuton et de la valorisaton. L’objectf poursuivi est donc d’étudier, de conserver à distance et de rendre accessible ce patrimoine avec une double visée ; tout d’abord développer un outl de recherche scientfque et, à terme, développer un outl de valorisaton y compris touristque qui pourrait prendre corps dans la créaton d’un musée, d’un site internet, d’un flm…

Dans la poursuite de ces trois objectfs, étudier, protéger, valoriser, le travail de l’équipe de chercheurs français s’artcule étroitement avec celui de ses collègues du Sud. Nos collègues marocains travaillent avec nous à l’étude et à la sauvegarde des sites. Notre travail se place, pour le site d’Azrou Klane, sous l’égide de la Directon du Patrimoine Culturel marocain et du Ministère de la Culture.

Le travail sur ce site a également une dimension de laboratoire pour tester des méthodologies innovantes dans le but de construire un outl qui serve à la recherche elle-même et à envisager une valorisaton par le virtuel qui contribue à la préservaton de sites fragiles. De telles technologies visent aussi bien à accompagner et aider le travail de recherche qu’à créer des outls de valorisaton de ces sites normalement quasi inaccessibles et donc très peu connus du public. Ces méthodologies sont conçues pour être souples et pouvoir s’adapter à des confguratons diférentes. 

Il s’agit aussi de construire sur le terrain une collaboraton concrète pour une approche pluridisciplinaire sur un objet d’étude précis et tangible. Nous sommes amenés à défnir des protocoles de travail communs en partculier pour la cohabitaton sur le terrain d’archéologues et d’ethnologues, en dépit de méthodes de travail très diférentes et souvent peu compatbles.

Notre équipe est pluridisciplinaire; travaillent de concert sur la dalle archéologues, spécialistes de la culture matérielle ou des images, topographe, infographiste, ethnologue et photographe.

L’objectf premier du travail sur ce site est d’enregistrer de manière exhaustve les gravures de la dalle, en prenant en compte toutes les phases de son utlisaton, y compris les plus récentes auxquelles l’archéologie s’intéresse peu habituellement, grâce au concours d’ethnologues. Nous n’établissons pas de hiérarchie entre l’ancien et le moderne.


LE TRAVAIL DE L’ARCHEOLOGUE DE LA CULTURE MATERIELLE

Sur le site d’Azrou Klane, le travail de l’archéologue de la culture matérielle est de diférents ordres : tout d’abord, il est en charge des sondages archéologiques qui ont pour objectf de faire des prélèvements visant à une possible dataton de la dalle et aussi de voir jusqu’où la parte de la dalle actuellement recouverte par les dépôts alluvionnaires de l’oued s’étend et a été gravée visant à une possible dataton de la dalle et aussi de voir jusqu’où la parte de la dalle actuellement recouverte par les dépôts alluvionnaires de l’oued s’étend et a été gravée. On s’aperçoit que le niveau de l’afeurement de la dalle a beaucoup fuctué au cours du temps, en foncton des inondatons très brutales de la rivière au moment d’épisodes pluvieux. Il est tout à fait envisageable qu’une porton non négligeable des décors soient aujourd’hui recouverts par les dépôts, réservant bien des surprises et des découvertes en perspectve…

Enfn, un autre volet de la contributon de l’archéologue de la culture matérielle est de chercher à metre en rapport les objets anciens représentés par les graveurs et les objets contemporains des images sortes des fouilles archéologiques.

LE TRAVAIL DU TOPOGRAPHE

Sur le site d’Azrou Klane, le travail du topographe est de relever avec une staton totale GPS, reliée de manière complexe à diférents satellites, l’ensemble de la dalle de manière à obtenir un rendu dont la précision est supérieure au centmètre. Les milliers de points ainsi géo-référencés permetront d’établir dans un deuxième temps, et au laboratoire en France, un modèle numérique de terrain en 3D sur lequel seront drapées et assemblées les diférentes unités de relevés de la dalle, comme on habillerait un squelette.

Il doit également topographier les environs immédiats de la dalle, de manière à pouvoir la replacer dans son cadre et dans son environnement géographique.

 


LE TRAVAIL DE L’ETHNOLOGUE / ANTHROPOLOGUE

Sur le site d’Azrou Klane, le travail de l’ethnologue est d’enquêter auprès des populatons qui campent autour de la dalle ou vivent dans les villages les plus proches pour recueillir les interprétatons des gravures ainsi que leurs témoignages de l’histoire récente de la dalle, de l’évoluton du niveau d’afeurement de la dalle en foncton des crues qui l’ont recouverte, leurs récits de graveurs ou d’anciens graveurs (seuls les enfants gravent à l’heure actuelle), aussi bien que leur intégraton des gravures dans leur univers mythologique.

L’ethnologue doit aussi démêler l’organisaton sociale de la tribu des Aït Oussa et de leurs multples fractons. Il lui faut comprendre les tensions qui existent entre tribus dans cete zone de contact avec les populatons berbères et sahraouis, contacts pas toujours pacifques…


LE TRAVAIL DU PHOTOGRAPHE

Sur le site d’Azrou Klane, le travail du photographe est multple : il est en charge du relevé numérique de la dalle, en collaboraton avec l’archéologue des images, il adapte les outls technologiques innovants aux problématques scientfques et procède à ses propres relevés de la dalle, en vue du dévelopement des visites virtuelles ou des street view et saisit à la volée les instantanés de la vie de l’équipe sur le terrain. 

Pour répondre aux problématques que pose ce site, nous disposons de certaines réponses techniques adaptées. Nous avons testé sur place et décidé d’utliser la visite virtuelle, le gigapixel, la Refectance Transformaton Imagery et la photogrammétrie pour le relevé géolocalisé des sites. La fragilité des supports et la nécessité d’avoir des méthodes de relevé non destructves et non invasives nous interdisent certaines techniques comme le moulage ou l’utlisaton de feuilles d’acétate posées sur les parois.

 

GRAFF, Gwenola

UMR PALOC (MNHN&IRD), Paris, France


Ce texte reprend en partie la publication téléchargeable ci-dessous :


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